Conférence : La sécurité en Méditerranée et les destinées de l’Europe

Conclusion

 
Youssef Aschkar, mise en ligne : mercredi 9 février 2005

Nous pensons que la dynamique de la conjoncture actuelle en Méditerranée et ses traits saillants cités plus haut, sont non seulement défavorables à l’Europe mais lui sont aussi extrêmement nuisible et dangereux.

Le vide qu’on s’acharne à créer ; les bastions humains et culturels et les partenaires principaux qu’on essaye de faire disparaître ; les lignes de démarcation qui se dressent pour se transformer en fronts de guerres sacrées de toutes couleurs ; les politiques menées, par la contrainte et la manipulation, à leurs termes de folies fanatiques ; la monopolisation et l’aggravation de l’héritage impérial ; la volonté d’exclure l’Europe et de l’accabler par les pressions tant intérieures qu’extérieures ; toute une série de données dont l’Europe peut difficilement nier les dangers extrêmes ou nuancer la monstruosité qu’elles peuvent introduire à sa vie.

Nous pensons que l’Europe devient de plus en plus consciente de ses désavantages qui s’accroissent tous les jours et de sa liberté de mouvement qui ne cesse de se réduire, quoique son comportement ne permet pas de conclure qu’elle en est assez consciente pour atteindre des convictions, ou qu’elle est assez déterminée pour formuler des politiques.

Une grande partie de ce que nous avons avancé plus haut consiste non seulement à exposer ces données mais surtout à examiner et à en rechercher les causes.

Nous avons essayé de suggérer des réponses à des questions du genre suivant :

Pourquoi cette conjoncture en Méditerranée est ce qu’elle est ?

Quelle vision du monde la guide ?

Quels mode et qualité de vie l’inspirent ?

Quel concept de sécurité l’accompagne ?

Quelles sont l’efficacité et la somme finale de ce concept ?

Quelle qualité de sécurité peut-il fournir et quelle qualité lui échappe ?

Enfin, ces situations, vision, mode de vie et concept de sécurité, envisagés dans un contexte impérial, sont-ils les seuls à former tout le patrimoine méditerranéen ?

Nous avons répondu à cette dernière question par la négative, essayant de mettre en lumière un héritage de base, méconnu et pourtant survivant, actif, résistant et plein de promesses pour l’avenir.

Nous souhaitons que notre exposé sur les deux types de sociétés, dont l’ouverte est prioritaire dans la vie méditerranéenne, contribue à donner espoir et orientation.

Un autre type de questions vise l’Europe actuelle qui subit plus qu’elle ne contribue en Méditerranée.

Pourquoi est-elle désavantagée dans ce bassin au lieu d’être privilégiée de par son appartenance, ses caractéristiques et sa riche expérience historique en Méditerranée ?

Pourquoi est-elle condamnée à être toujours dépassée dans cette course et toujours marginalisée dans cet engrenage ?

Et si ceci est vrai, est-elle condamnée à subir ce sort dans toutes les conditions sans l’espoir de trouver une issue salutaire ?

Pour esquisser cette dernière question cruciale, avant d’essayer d’y répondre, nous jugeons nécessaire de nous rappeler des questions posées au début :

Quelle Méditerranée faut-il défendre ?

De quelle Méditerranée faut-il se défendre ?

En d’autres termes :

Sur quelle Méditerranée porter espoir ?

A quelle Méditerranée appartenir ?

Nous optons, sans hésitation, pour la Société Ouverte-Monde, prometteuse d’espoir mais aussi porteuse de lourdes responsabilités exigeant des efforts héroïques.

Mais pour que l’Europe soit pleinement consciente de la nature de ce tournant ;

Pour qu’elle veuille prendre une option pareille ;

Pour qu’elle se rende capable de mener à son terme une pareille prise de conscience, il faut qu’une autre prise de conscience, plus révolutionnaire que la précédente, fournisse une réponse directe à la question suivante :

Quelle Europe ?

L’Europe imbibée du concept impérial, notamment gréco-romain, résignée à se suffire de cet héritage qui se manifesta en Guerres Sacrées (de religion et de culture) et en domination, par le rapport des forces et par la négation de l’"Autre", ou l’Europe moulée dans le Monde Méditerranéen, héritière de cette longue expérience de grandes synthèse salutaires, capable de redonner espoir à la Méditerranée à partir d’elle et au monde entier à partir de la Méditerranée ?